27 mai : Journée Nationale de la Résistance , cérémonie à Locoal-Mendon

La cérémonie s’est tenue à Locoal-Mendon à l’invitation de Madame Karine NELLEC, maire et de madame Maryline LE SAUCE présidente du comité d’Auray de l’ANACR (association nationale des anciens combattants et amis de la résistance)

 

©Mémorial Leclerc Musée Jean Moulin 

La cérémonie devant le monument aux morts aura connue une belle participation avec en particulier 60 enfants des deux écoles primaires. Et ce n’est pas sans émotion que les ainés ont entendu les enfants chanter la Marseillaise et le refrain des partisans tandis que les enfants du conseil municipal des jeunes ont lu un texte de Paul Eluard. [Le comité était présent avec son vice président, le délégué communal Pierre LE BASTARD et Jo LE ROL notre porte drapeau].

Le signal de départ de la mairie vers le monument aux morts est donné par les sonneurs

La cérémonie

La lecture de texte et les messages

Retrouvez le message officiel en suivant ce lien : Messsage

 

Le conseil municipal des jeunes

le conseil municipal des jeunes

Madame LE SAUCE

Madame la maire et le message officiel

Le dépôt de gerbes, le recueillement, la Marseillaise chantée, le chant des partisans

 

 

 

Intervention de madame LE SAUCE

Très chers Amis,

(Rémy Guillevic, natif de Baud, Résistant maquis de Botségalo, puis 4ème Bat de F.F.I., Marguerite Caudan, Agent de liaison à Paris, internée prison Petite Roquette, tous deux adhérents de notre comité).

Rémy et Margot nous disaient combien la réunion du 27 mai 43, au 48, rue du Four à Paris, qui vit l’élection de Jean Moulin comme 1er Président du CNR, était majeure dans l’Histoire de notre pays. Sans cette rencontre de Résistants, de politiques, de syndicalistes, peut-être le destin de notre patrie eut été changé après la Capitulation sans condition de l’Allemagne nazie.

Comment imaginer cet évènement incroyable dans Paris occupé, où policiers français et gestapistes menaient une répression impitoyable envers les femmes et les hommes se battant dans l’ombre, au nom de la Liberté !!!!

Fait quasi-unique dans toute l’Europe occupée par le Reich hitlérien, cette unité des forces de la Résistance antinazie fut réalisée, grâce à la pugnacité de Jean Moulin, membre et ministre du Comité National Français, et seul représentant du général de Gaulle. Il réussit à surmonter les différences de formes d’organisation et d’action. A cette date, les Résistances sont devenues LA RESISTANCE.

Ils sont des milliers, femmes et hommes à s’être battus. Comme Olga Bancic, Yves Salaün, Annick Pizigot et Joseph Epstein. Notre comité vous présentent 4 Résistants représentants tous leurs camarades connus et inconnus.

Olga Bancic, ouvrière, militante syndicale, connaît très tôt les prisons roumaines. Jeunes mariés, elle et son mari décident de quitter la Roumanie pour la France, en 1938, le pays des libertés. Dolorès voit le jour la même année. Mais la guerre va tout bouleverser.

Membre des FTP-MOI, ces partisans immigrés qui aimaient tant la France, elle fait montre d’un courage, d’une détermination, d’un sang froid incroyables.

Arrêtée en novembre 43, torturée, Olga fait parti des 23 FTP-MOI jugés, condamnés à mort le 19 février 44, ceux de l’Affiche Rouge, entrés au Panthéon aux côtés de Missak Manouchian le 21 février dernier.

Les 22 Résistants sont fusillés au Mont-Valérien le 21 février 44. Mais Olga est une femme et les Allemands ne fusillent pas les femmes sur le sol français. Le manuel de droit criminel de la Wehrmacht prévoit d’autres façons d’assassiner, pour elle, ce sera la guillotine, en Allemagne. Les nazis lui refusent la grâce de mourir aux côtés de ses frères de combat, car à leurs yeux, elle n’est qu’une femme, donc pas leur égal. Si ses camarades restent ensemble jusqu’au jour de la fusillade, pouvant ainsi se soutenir, se confier, entendre la Marseillaise résonner dans la prison au moment de leurs départs pour le Mont-Valérien, il en est tout autre pour Olga. Transférée à la prison de Karlsruhe, elle est seule, terriblement seule durant 3 mois. Personne à qui évoquer les combats passés, les copains tombés pour un monde meilleur ou chanter notre hymne national qu’elle aime tant. Début mai 44,elle est amenée à la prison de Stuttgart pour subir sa sentence. Au petit matin du 10 mai, le couperet tombe, c’est le jour de son 32ème anniversaire, les nazis n’oublient rien.

Olga était Juive, immigrée, communiste, résistante, 4 raisons d’être assassinée me disait Margot.

Dans sa dernière lettre à Dolorès, elle lui dit «Mon amour, ne pleure
pas, ta mère ne pleure pas non plus. Je meurs avec la conscience tranquille,
avec toute la conviction que demain, tu auras une vie et un avenir plus heureux
que ta mère. Tu n’auras plus à souffrir. Sois fière de ta mère, mon petit
amour…….»

Yves Salaün, élève au lycée Anatole Le Braz de St-Brieuc, est membre des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique. Fin 43, suite à un acte de Résistance, il est arrêté avec d’autres camarades.

Yves, Pierre et Georges sont condamnés à mort le 11 fév 44. Ils ont 18 ans, l’âge de vivre leurs premières amours. Il fait soleil ce 21 février 44 au Mont-Valérien lorsqu’ils tombent sous les balles des nazis, 1 heure avant les 22 Résistants de l’Affiche Rouge.

Dans sa dernière lettre à ses parents, Yves écrit «J’ai toujours eu l’ambition d’être soldat, j’en ai l’âme. Ne pouvant faire partie d’une armée régulière, j’ai fait partie de cette armée souterraine et obscure de la Résistance. J’en connaissais les dangers, mais j’en avais compris la sublime grandeur……j’ai combattu pour un grand idéal la Liberté. Je suis étrangement calme, car je m’étais fait à l’idée de ce qui m’arrive et de plus je suis sûr de pouvoir chanter, même devant le poteau…… Ma suprême pensée sera pour vous et pour la France, ma Patrie. Yves.

Annick Pizigot voit le jour à Locminé. Le 17 juin 40, la mère du général de Gaulle et Geneviève, sa nièce (future Résistante Déportée), fuient l’avancée allemande et trouvent refuge à l’hôtel des Pizigot. Cette rencontre la marque énormément.

Ses activités, à l’auberge familiale, l’amène, tout début 43, à entrer au maquis et faire partie des F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) comme agent de liaison et de renseignements avec le grade de sergent. L’hôtel des voyageurs est véritablement un haut lieu de la Résistance.

Annick participe à des opérations nocturnes lors de parachutages de containers et est désignée par Londres pour diriger un centre de rassemblement. Elle prend des cours d’allemand pour capter les échanges de l’Occupant attablé au restaurant. Grâce à son appareil TSF, caché dans une remise, elle transmet aux maquisards des phrases codées de la B.B.C.

Le 28 avril 44, arrêtée par la police allemande, commence le calvaire d’Annick. Torturée dans différents centres de détention du Morbihan, elle est condamnée à mort pour espionnage, sa peine est commuée en travaux forcés, sous le signe N.N. (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard).

Le 2 août 44, elle part pour le camp de concentration de Ravensbrück. Libérée au printemps 45, transférée dans un hôpital suisse, Annick ne survivra pas aux sévices endurés.

Elle meurt le 26 novembre 45, à 21 ans.

Joseph Epstein, juif polonais communiste, décide de gagner la
France en 1931, le pays des Droits de l’Homme. Etudiant en droit à la Sorbonne, il partage les bancs de la fac avec Lucie Aubrac qui le considère comme son frère.

Il participe aux Brigades Internationales venues aidées la République espagnole. Joseph est formé à la clandestinité, aux combats de rues.
C’est un organisateur audacieux. En 43, il dirige les FTPF d’Ile-de-
France et est arrêté lors d’un rdv avec Manouchian.

Il n’est pas fusillé en même temps que les 22 Résistants de
l’Affiche Rouge mais le 11 avril 44. Comme Olga, depuis le 21 février 2024, son nom est gravé sur une plaque mémorielle au Panthéon, près du tombeau de Manouchian.

Dans la dernière lettre à son fils Georges, il lui dit, «Je t’aime tellement, mon petit garçon, tellement, tellement. Je te laisse seul avec ta petite maman chérie. Aime-la par-dessus tout…… Je tomberai courageusement, mon petit Microbe chéri, pour ton bonheur [et celui] de tous les enfants et de toutes les mamans. Garde-moi un tout petit coin dans ton cœur. Un tout petit coin, mais rien qu’à moi……. Mes derniers instants, je ne pense qu’à toi, mon petit garçon chéri et à ta maman bien-aimée. Soyez heureux….dans un monde meilleur, plus humain… Je vous serre tous les deux dans mes bras, vous embrasse
de toutes mes forces, de tout mon cœur, ton papa. Vive la France, Vive la Liberté»

Vous raconter ces 4 résistants, c’est aller au-delà d’un nom gravé dans la pierre, c’est regarder un visage, croiser un regard, voir toute l’humanité de ces êtres qui n’aspiraient qu’à vivre libres.

Nous leur devons «Le Programme du Conseil National de la Résistance», intitulé «Les Jours Heureux», adopté à l’unanimité par le CNR le 15 mars 44.

Les jours heureux ont inspiré les grandes réformes de la Libération, comme les premières ordonnances sur la SS, lois sur les assurances vieillesse, sur les Comités d’entreprises, le statut de la Fonction Publique…… N’oublions pas ce que nous leur devons.

Cultivons cet «Esprit de Résistance» qui les animait. Soyons dignes d’eux. Seul, nous ne pouvons rien, ou si peu, mais ensemble, nous pouvons beaucoup.

Aujourd’hui, ils peuvent être notre force, à nous de la saisir. Nous sommes toutes et tous les Héritiers du Conseil National de la Résistance.

Merci

 

Message de Patricia Mirallès Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire Journée nationale de la Résistance 27 mai 2024

Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la France, meurtrie et trahie, avait rendez-vous avec la République, qu’il lui tardait de retrouver. Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la Résistance rassemblait le désordre de courage qui la constituait pour le transformer en une force ardente, résolue et inflexible. La force d’un refus, qu’avait déjà exprimé le général de Gaulle en 1940, et qui n’avait depuis cessé de croître.

La Résistance est née au cœur du plus atroce effondrement de notre histoire, à l’heure où les chaudes nuits d’été se font assassines ; à l’heure du vol feutré des parachutes alliés faisant pleuvoir armes ou combattants et dont la vue soulageait tout un maquis ; à l’heure des rafles dans les matins blêmes ; à l’heure des caves et des cellules, où résonnent les cris des innocents qu’on y torture. A l’heure des greniers que l’on ouvre, pour y cacher Juifs ou résistants.

Comme il fallait croire en l’honneur, en la France et en ses alliés pour rejoindre l’armée des ombres ! Qu’y avait-il de commun entre toutes ces femmes et ces hommes ordinaires qui se sont grandis dans les évènements ? Ni classe sociale, ni religion, encore moins de parti politique. Mais l’espérance et l’amour de la République, qui gouvernaient ces vies clandestines. Chez ces soldats de nécessité, dans le sublime de leur lutte et le tragique de leur mort, notre pays a su trouver quelque chose en lui après la désolation.

Hommes et femmes, les résistants se sont engagés dans cette aventure hasardeuse sans calculs, sans garanties, et avec cette modestie qui les caractérisait. Ils étaient ces milliers qui, en arpentant des chemins différents, en sillonnant nos régions et nos cantons, traçaient les traits de cette France qui relevait doucement la tête.

La Résistance prît de nombreuses formes et de nombreux visages.

Ce sont celles et ceux qui gagnèrent le maquis, car ils préféraient la rudesse honnête de la vie sauvage à la compromission honteuse dont ils étaient les témoins révoltés.

Ce sont celles et ceux qui firent sauter des ponts pour retarder une division allemande, ou pour faire dérailler une livraison d’armes.

Ce sont ces imprimeries clandestines qui n’étaient pas enchainées et tenaient un discours de vérité, annonçant ainsi le retour d’une presse libre, composante essentielle à une démocratie pérenne.

Ce sont ces étrangers, combattants comme Missak Manouchian et son groupe, que la Nation reconnaissante a fait entrer au Panthéon, ou protecteurs comme Sabine Zlatin, l’infirmière juive d’origine polonaise, la Dame d’Izieu bouleversée par la rafle des enfants qu’elle cachait. Ces étrangers, Français par le choix et le sang versé, qui n’ont pas trahi.

Ce sont celles et ceux qui partirent pour l’Angleterre, l’Algérie ou le Maroc pour rejoindre les Forces Françaises Libres et préparer le retour au pays natal, dont ils avaient l’exil en horreur.

Ce sont toutes celles et ceux qui, capturés chez eux ou au maquis, dans les matins trompeurs ou les nuits douloureuses, ont crié « vive la France », comme Marc Bloch avant de tomber, ou bien, comme Jean Moulin, qui se sont élevés dans le silence gardé.

Enfin, ce sont les femmes et les hommes qui, il y a 80 ans, dans le secret des plans et la hâte du lendemain, ont préparé les Débarquements. Sans leurs actions décisives, s’ils n’avaient pu informer comme ils l’ont fait, si les routes n’avaient pas été coupées, les ponts effondrés et les convois attaqués, les Débarquements n’auraient sans doute pas eu le même succès, et les pertes auraient été plus importantes.

Chez eux, la lucidité n’avait pas conduit au découragement. Ils étaient les meilleurs fils et filles du vieux pays écroulé et, comme le disait l’un d’entre eux, poète de Provence aux mains rocailleuses et à l’esprit si grand, « les degrés solitaires d’une gloire collective ».

La Résistance aux insomnies nécessaires, la Résistance aux martyrs innombrables n’était pas seulement le mouvement d’hommes et de femmes qui avaient dit non. Elle était aussi celui de bâtisseurs qui avaient en partage l’unité des buts et des sentiments.

Comme le disait Pierre Brossolette, « les morts de la Résistance ne nous demandent pas de les plaindre, mais de les continuer. Ils n’attendent pas de nous un regret, mais un serment ; pas un sanglot, mais un élan ».

Cet élan, c’est celui de la Libération et de ce qui lui succèdera, car c’est aussi cela, la Résistance : une refondation radicale.

Refondation sociale, avec déjà l’idée de la sécurité sociale, du droit au travail, du besoin d’une élite non de naissance mais de mérite.

Refondation économique qui, dépassant la reconstruction, a donné à notre pays les moyens de son indépendance et de sa prospérité.

Refondation politique et morale avec le programme du Conseil National de la Résistance, bien sûr, mais il y a aussi et surtout les hommes et les femmes, anciens résistants, qui ont permis de le réaliser. Il y a celles et ceux qui, élus locaux, parlementaires ou ministres, se sont engagés en politiques pour réaliser ce à quoi ils avaient rêvé pendant l’occupation.

Aujourd’hui encore, plus de 80 ans après, nous pouvons donner du sens à l’héritage de la Résistance, qui est aussi une leçon. Celle de ne jamais perdre espoir, pour soi comme pour les autres, parce qu’un sursaut est toujours possible. Celle de ne jamais transiger sur l’honneur, la République et ses valeurs, car ce sont des guides qui ne s’égarent pas.

A jamais, la flamme de la Résistance éclairera la République et le chemin de toutes celles et ceux qui la partagent.

Vive la République !

Vive la France !

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